Vincent HELFRICH
Le reporting extra-financier (parfois appelé RSE, Durable, ou ESG) est une activité plus que nécessaire, dans un contexte d’engagement des entreprises envers la société. Il permet de concrétiser les principes de redevabilité et de transparence, inhérents aux démarches de Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE). Il permet aussi de réduire l’asymétrie d’information entre l’entreprise et ses parties prenantes, à l’instar de ce que permet le reporting financier envers les investisseurs.
Depuis quelques années, l’encadrement normatif et législatif s’est renforcé afin de réguler cette activité de reporting extra-financier à travers des initiatives volontaires (GRI, , AA1000, IFRS SDS), mais aussi obligatoires (DPEF, Directive NFRD, Directive CSRD). Cependant, beaucoup d’entreprises peuvent rencontrer des difficultés pour déployer et réaliser un reporting extra-financier qui remplisse ses fonctions. Ce problème peut trouver une explication dans les trois nœuds de contraintes (trilemme), auxquels se heurte cette activité de reporting et qui conduisent à différents écueils pour cette dernière.
[1] Synthèse d’une recherche de Pierre Baret et Vincent Helfrich : « Le « trilemme » du reporting extra-financier et ses écueils » publiée dans Journal of Management and Governance, https://link.springer.com/article/10.1007/s10997-018-9430-z
Figure 1. Composantes du trilemme du reporting extra-financier Source : adapté de Baret et Helfrich (2019)
L’éclairage de certaines théories économiques ou de gestion permet de qualifier trois nœuds de contraintes (Cf. Figure 1). Le premier nœud repose sur la complexité du sujet RSE et donc la difficulté qu’il peut y avoir à rendre compte, de façon satisfaisante, des actions de l’entreprise sur ces sujets. Le second repose sur les attentes que l’entreprise peut avoir vis-à-vis de l’activité de reporting et de sa contribution à l’appropriation interne de la RSE. Le troisième repose sur les enjeux substantifiques du processus de reporting à réduire l’asymétrie d’information et à s’imposer conventionnellement pour cela.Figure 2. Formes de reporting et leurs écueils Source : adapté de Baret et Helfrich (2019)
Le trilemme du reporting extra-financier permet d’identifier des écueils, que peuvent refléter certaines façons de réaliser cette activité, lorsqu’elles ne traitent que partiellement les contraintes du trilemme (Cf. Figure 2). Cela permet d’identifier des stratégies-types de reporting (techniciste, profane et idéaliste) que des entreprises, moins avancées en RSE ou dans la pratique du reporting, peuvent mener, au moins à court terme, en assurant l’équilibre autour d’un dilemme de contraintes à défaut de traiter le trilemme. Le « reporting optimal », qui permet de résoudre le trilemme, est à voir comme un idéal-type que les entreprises doivent s’efforcer d’atteindre et que les diverses régulations doivent essayer de favoriser. Pour aller plus loin Baret P. & Helfrich V. (2019), « The « trilemma » of non-financial reporting and its pitfalls », Journal of Management and Governance, 23, p. 485–511, https://link.springer.com/article/10.1007/s10997-018-9430-z[1] Synthèse d’une recherche de Pierre Baret et Vincent Helfrich : « Le « trilemme » du reporting extra-financier et ses écueils » publiée dans Journal of Management and Governance, https://link.springer.com/article/10.1007/s10997-018-9430-z