Des magazines aux réseaux sociaux, la slow déco (littéralement la « décoration lente ») est partout. Venue d’Italie, cette tendance voisine du minimalisme prône des valeurs de durabilité et d’écologie appliquées à la décoration. Explications avec Nina Chardin, entrepreneure engagée dans ce mouvement en plein développement.
Qu’est-ce que la slow déco ?
« La slow déco, c’est une décoration qui privilégie l’environnement, l’authenticité, le durable, le beau, le bon, la qualité, le local, le sain et le bien-être chez soi », résume Nina Chardin, formatrice en habitat durable, promouvant une déco éco-responsable, saine et belle.
« Dans la slow déco, il est question de vivre avec son époque tout en limitant les impacts humains et écologiques de notre consommation, de conserver son confort et l’esthétisme de ce qui nous entoure, tout en vivant d’une façon plus responsable et raisonnée, développe-t-elle. Il s’agit aussi de considérer son lieu de vie comme un allié de notre épanouissement et de notre joie au quotidien. Il est donc question de construire un intérieur sain et à notre image pour se sentir bien dans sa peau et dans sa tête ».
Quelle a été l’origine de cette tendance ?
La slow décoration est née en Italie dans les années 1980. Elle découle du mouvement slow food, mené par le journaliste et critique gastronomique Carlo Petrini. Par opposition au fast food, les membres de ce mouvement avaient protesté contre l’implantation d’un McDonald’s dans le quartier historique de Rome, en 1986. Les grands principes de la slow food, qui s’est développé depuis partout dans le monde, sont :
- BON : des produits de qualité ;
- PROPRE : une fabrication éco-responsable et saine ;
- JUSTE : des conditions de travail respectant les droits humains et les traditions tout en assurant une rémunération équitable.
Les valeurs de la slow food se sont ensuite étendues à la slow life (une vie de partage où l’on prend son temps) et à de nombreux aspects de notre existence, comme la slow décoration.
Pourquoi la slow déco se veut-elle éco-responsable ?
La slow déco porte en elle les valeurs de la slow food : des produits de qualité, fabriqués en limitant leur impact environnemental, sains et justes pour tous. « C’est une vision globale et durable », précise Nina Chardin qui a fait de la slow décoration sa profession après être passée par le secteur de la grande distribution. Une reconversion en phase avec les racines de la jeune femme, qui a grandi dans une maison en bois au cœur des Vosges et aux côtés d’un père apiculteur.
Le pilier de la slow déco, c’est de consommer moins. « C’est donc commencer par trier et désencombrer chez soi pour ne s’entourer que de ce qui compte, réparer ce qui peut l’être, détourner ou relooker du mobilier ou des objets, donner ou vendre le reste. C’est aussi privilégier le réemploi. Et enfin, seulement en dernier recours, acheter du neuf éco-responsable », détaille Nina Chardin.
Comment débuter dans la slow déco ?
Avant de se lancer dans la slow déco, un grand ménage s’impose donc. « On accumule, beaucoup. Trier et ranger est salvateur, et permet de prendre conscience de ce que l’on possède. Cela peut permettre de renouer avec des objets, de se délester de certains autres, de faire une bonne action si l’on en donne ». Et l’achat de déco ? « Je conseillerais de prendre le réflexe de se tourner vers le réemploi : les sites d’occasion, les ressourceries, et les brocantes du dimanche sont nos alliés. Cela apprend aussi la patience, et stimule la créativité », développe Nina Chardin. Et si l’on ne trouve rien d’occasion ? « On peut alors se fixer un délai au bout duquel on s’autorise à acheter du neuf ».
Mais pour la jeune femme, la slow déco doit rester… un plaisir. « La frustration peut mener ensuite à un rejet complet, et je vois plus l’écologie comme une re-connexion à l’essentiel et à soi, que comme quelque chose de punitif et pénible. Pour respecter la nature, l’être humain doit se sentir bien ».
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09/11/2022