Du 31 mai au 22 juin 2023, la « Tournée Entrepreneuriat Pour Tous » repart sur les routes de France pour 6 étapes, gratuites et festives, à la rencontre des entrepreneurs, des porteurs de projet, des intentionnistes et habitants des quartiers, autour de la création d’entreprise.
Six journées pour dépasser les blocages mentaux, apporter des solutions et donner de la visibilité aux réussites entrepreneuriales. Le point sur le programme et les enjeux de cette édition 2023 avec Marie-Adeline Peix, Directrice exécutive des partenariats régionaux, de la création et de l’action territoriale chez Bpifrance.
Quelle est l’ambition de cette Tournée ?
Chez Bpifrance, nous avons l’ambition d’accompagner les dynamiques entrepreneuriales là où elles se trouvent, y compris dans les territoires les plus fragiles. Lorsque l’on regarde les chiffres dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), on constate une dynamique entrepreneuriale très marquée. Et lorsque l’on demande aux entrepreneurs des quartiers quels sont leurs besoins, ils nous répondent qu’ils sont des entrepreneurs comme les autres. Mais ce qu’ils nous racontent aussi, c’est qu’ils ont souvent eu la chance de croiser la route de personnes qui les ont accompagnés vers la réussite entrepreneuriale. L’objectif de notre Tournée, c’est de faire en sorte que tout le monde bénéficie des mêmes opportunités pour se lancer. Et ainsi de casser toute idée qu’il y aurait un déterminisme social territorial concernant l’entrepreneuriat. Le programme « Entrepreneuriat Pour Tous » a été construit avec la volonté d’aller vers les porteurs de projet et les créateurs potentiels, pour leur apporter à la fois des solutions pour les aider au mieux – les réseaux d’accompagnement à la création d’entreprise notamment – mais aussi de partager avec eux les belles histoires de succès entrepreneurial. Ainsi la Tournée c’est aussi une démystification de « je n’ai pas les codes, je n’ai pas les réseaux, personne ne voudra m’aider ». Une journée pour s’ouvrir les chakras !
La dynamique entrepreneuriale est toujours très marquée en France, surtout chez les jeunes. Même constat dans les quartiers ?
Depuis 2014, nous avons connu une augmentation de 7 % de création d’entreprises en France, et de 11 % dans les quartiers. On constate effectivement que, dans les quartiers comme ailleurs, les jeunes notamment ont envie d’entreprendre, parce que cela représente pour eux un moyen de réalisation économique mais aussi un moyen de réalisation sociale et professionnelle. Ce dynamisme révèle une véritable envie d’être son propre patron mais aussi d’avoir de l’impact sur la société.
Comment inciter les jeunes à se lancer, surtout ceux qui peuvent être éloignés des problématiques entrepreneuriales ?
La Tournée « Entrepreneuriat pour Tous » comme le Concours « Talents des Cités » sont des initiatives essentielles, qui s’inscrivent dans un écosystème plus large qui s’appelle « Entrepreneuriat pour Tous ». Les QPV sont des viviers de création que ce programme aide à révéler. Pour répondre à ces publics, Bpifrance s’est entourée de réseaux d’accompagnement disposant d’un fort ancrage local. Sur la création d’entreprises, nous travaillons avec des réseaux d’accompagnement et des structures associatives, comme « 100 000 entrepreneurs ». C’est une association absolument formidable qui fait de la sensibilisation à l’entreprenariat dans les collèges et dans les lycées, en faisant témoigner des entrepreneurs. Ces rôles modèles permettent de rendre concret et accessible l’entrepreneuriat. Les jeunes peuvent ainsi s’identifier à ces entrepreneurs qui étaient assis à leur place, sur les mêmes bancs d’école 5, 10 ou 20 ans plus tôt.
Pourriez-vous citer 2-3 « success stories » issues de ces QPV ?
Le Concours « Talents des Cités » – dont on assurera la promotion, pour la première fois, lors de la Tournée – récompense tous les ans de jeunes entrepreneurs et créateurs installés dans des quartiers populaires. Depuis 2002, ce ne sont pas moins de 700 créateurs d’entreprises qui ont été récompensés. Ils ont généré 3500 emplois directs, ce qui équivaut en moyenne à six emplois par entreprise. Et ce, avec un chiffre d’affaires cumulé de 100 millions d’euros. Parmi les très nombreux exemples qui me viennent en tête, j’aimerais citer Eco-couture, lauréate régionale 2018. Arrivée d’Ouzbékistan, Navbakhor Boudot avait comme ambition de réduire les déchets textiles en revalorisant les chutes de soieries de Lyon. Cette association réunit des femmes du quartier dans une perspective d’insertion sociale. Autre illustration de ce dynamisme : Originaires de Rosny-sous-Bois (93), elles sont lauréates du Prix créatrice d’avenir d’Initiative France en 2022 et Médaille d’argent au concours Lépine 2022. Aurore et Sonia Fekhart ont imaginé le « pass’manche », un petit accessoire ingénieux qui facilite le quotidien de toutes les personnes qui ont du mal à s’habiller seules.
Dernière illustration : Nosa Transport, société lauréate du concours national en 2018. C’est l’histoire d’un rebond réussi : celui de Romane. Touchée par un licenciement économique, elle a décidé de créer son entreprise de logistique urbaine. Très vite, c’est une réussite. 15 salariés, embauchés en grande majorité en CDI et pour la plupart issus des QPV et éloignés de l’emploi. Tous ces exemples, parmi tant d’autres, témoignent du formidable gisement de dynamisme et de croissance économique de ces quartiers.