La femme africaine a, pendant des siècles eu une place de choix dans l’organisation sociale,…
La femme africaine a, pendant des siècles eu une place de choix dans l’organisation sociale, politique mais également économique dans la plupart des régions dans le sud du Sahara. Le droit à la propriété ne s’est par exemple jamais posé et dans beaucoup de communautés, le matriarcat régissait la vie et comme chez les lébous du Sénégal où l’on héritait de son oncle maternel et non de son propre père. Pourtant selon Gladys Brima[1], fondatrice de l’organisation à but non lucratif locale « Women’s Partnership for Justice and Peace » dans les zones rurales aujourd’hui « le système de régime foncier affecte surtout les femmes » alors qu’elles les utilisent bien plus. Et dès que l’on parle de « propriété, les femmes ne sont plus concernées ».
L’Institut International de l’Eau et de l’Environnement (2iE) basé à Ouagadougou œuvre depuis les années 1960 à intégrer plus de femmes dans les domaines des STEM en Afrique de l’ouest et du centre. Avec 25% de femmes environ dans nos effectifs, nous avons à cœur à développer un environnement sain et sécure pour la formation et l’épanouissement de tous, y compris les jeunes femmes. Selon Kristilina Georgieva[2], présidente par intérim de la Banque mondiale « Si les femmes disposaient de chances égales (à celles des hommes) permettant d’atteindre leur plein potentiel, le monde serait non seulement plus juste, mais aussi plus prospère ».
Plusieurs programmes dont une classe CPGE-filles, des réductions sur les frais de scolarité, une association des jeunes filles élèves ingénieures et stagiaires sont instaurés pour développer le leadership féminin. Chaque rentrée, la première unité d’enseignement, les outils de la réussite, délivrée aux nouveaux apprenants les met en situation de networking mais dans le respect des règles et de leurs pairs. 2iE accueille plus de vingt-cinq nationalités au sein de sa population estudiantine qui est de plus en plus jeune et beaucoup vont devoir évoluer hors du cadre familial et à l’étranger. Ils sont équipés, entre autres, en compétences informatiques et linguistiques pour l’expression écrite et orale, mais aussi pour booster leur esprit d’innovation et de créativité.
Par ailleurs, 2iE a mis en place en plus d’une Cellule Accueil Intégration Écoute et Orientation (CAIEO), une stratégie genre et un Comité de Lutte contre le Harcèlement Sexuel. Dans le cadre des activités de ce dernier, le plus grand frein auquel nous faisons face est la règle du silence. Afin de briser le silence, au début de chaque semestre la CAIEO organise à l’attention des nouveaux apprenants une cérémonie d’accueil solennel au cours de laquelle ils sont sensibilisés sur l’existence d’une politique de lutte contre le harcèlement sexuel. Cette cérémonie qui vise à accueillir les nouveaux venus dans la famille 2iE est l’occasion de leur rappeler un certain nombre de règles de vie dans la communauté 2iE. La Présidente du Comité de Lutte contre le harcèlement Sexuel (CLHS) pour mieux toucher les apprenants, a initié une communication restreinte pour atteindre les cibles dans un cadre moins formel. Cette démarche s’est avérée efficace. En effet, elle saisit ce moment pour bien faire comprendre à l’auditoire que le harcèlement concerne autant les hommes que les femmes. Pour la présentation de l’année académique 2022-2023 par exemple, l’image d’un homme ayant un geste déplacé envers une femme a suscité des remous dans la salle de Conférences alors que la précédente qui représentait une femme dans le rôle de l’harceleur est passée inaperçue. Le sexisme, les abus, langagiers ou comportements déplacés sont parfois posés sans que les auteurs ou victimes ne soient conscients de la gravité des actes posés et cela nous conforte dans notre engagement à mieux accompagner nos apprenants pour une future vie professionnelle et sociale responsable. Cela passe par une déconstruction de schèmes de pensées qui ont longtemps érigé certaines formes de Violences Basées sur le Genre au rang de valeurs sociale et culturelle.