Décembre 2004. Sous la houlette de l’IFA, de l’Institute of directors britannique et de l’Association belge des administrateurs, Ecoda est créé avec un objectif : porter la voix des administrateurs européens, fédérer et informer. Dix-neuf ans plus tard, l’organisation compte quelques 50 000 membres issus de 21 pays. Son influence, qui a dépassé les frontières européennes, ne cesse de grandir, tout comme son domaine d’expertise. Récit.
« Nous sommes la voix européenne des administrateurs. » Clairement affichée dès la home page du site de l’association, la vocation d’Ecoda – The european confederation of directors’ association – n’a pas changé depuis sa création, il y a près de vingt ans. Moins de deux ans plus tôt, en juillet 2002, la Commission européenne a publié son livre vert sur la gouvernance des entreprises – « Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises » -, dans lequel elle formule ses premières recommandations sur la rémunération des dirigeants, le rôle des administrateurs indépendants… Partout, les questions de gouvernance émergent, demandant à être structurées et incarnées, aux quatre coins de l’Europe, des instituts se créent. Pour l’IFA, l’Institute of directors de Londres et l’Association belge des administrateurs, le timing est idéal. Ensemble, ils créent Ecoda et en déposent les statuts fin 2004. Quelques mois plus tard, l’association est opérationnelle. Daniel Lebègue, alors à la tête de l’Institut français des administrateurs, en assure le premier la présidence, et Béatrice Richez-Baum en devient directrice générale.
« Des besoins, une attente… »
« On s’apercevait qu’il y avait une place à prendre, des besoins, une attente », se souvient cette juriste de formation, passionnée par les activités de lobbying et les questions européennes, qui, en l’espace d’un an, voit l’Espagne, la Finlande, le Luxembourg et la Slovénie rejoindre Ecoda où, rapidement, l’activité se structure et l’offre s’enrichit. « Notre vocation était d’assurer un suivi législatif sur toute l’actualité européenne en matière de gouvernance et de prendre position sur des sujets clés, mais, pour croître, les instituts nationaux avaient besoin de comprendre comment les choses se passaient hors de leurs frontières, explique Béatrice Richez-Baum. Pour cela, un benchmarking committee est créé, qui permet de comprendre comment, ailleurs, l’activité est structurée et financée… ».
Désormais Ecoda répond à des consultations, s’invite à des événements, se dote de partenaires qui, comme Korn Ferry et Euronext, lui apportent soutien financier et expertise accrue.
Périmètre élargi
Courant 2010, l’association développe sa première formation, un programme à « forte dimension européenne » conçu en partenariat avec l’Insead et organisé sur deux jours. D’autres pays continuent de venir grossir ses rangs, parmi lesquels la Croatie et l’Arménie. « Tous ne resteront pas, mais tous contribueront à nourrir la réflexion », résume sa directrice générale. Tout comme les membres qui, outre les affiliés, comptent désormais des « candidats » parmi lesquels la Pologne et l’Ukraine ; l’équipe s’élargit. Sa mission, surtout, continue à s’enrichir sous l’impulsion d’une demande en constante évolution. Pour y répondre, la partie formation prend encore de l’ampleur – Béatrice Richez-Baum s’en félicite : « plus les administrateurs se professionnaliseront via la formation, moins le législateur européen aura tendance à légiférer » – et le périmètre de réflexion ne cesse de s’étendre. Normal, estime celle pour qui « la gouvernance, qui était au départ un sujet très juridique, est aujourd’hui devenue beaucoup plus sociétale, enrichie d’une dimension stratégique qui n’était pas là au départ ».