L’apprentissage numérique a le potentiel d’élargir l’accès à l’éducation, d’améliorer les résultats de l’apprentissage et de doter les apprenants des connaissances et des compétences dont ils ont besoin pour relever les défis du 21e siècle. Cependant, la fracture numérique reste un obstacle persistant pour des millions de personnes dans le monde, les empêchant de profiter des opportunités offertes par les technologies numériques.
À l’occasion de la toute première Journée internationale de l’apprentissage numérique, le 19 mars, voici ce qu’il faut savoir sur les travaux et les orientations de l’UNESCO sur ce sujet essentiel pour l’éducation.
Pourquoi l’UNESCO considère-t-elle que l’innovation numérique est importante pour l’éducation ?
Nous vivons de plus en plus à l’ère du numérique, marquée par une augmentation significative de la connectivité mondiale à l’internet : Environ 2/3 de l’humanité ont désormais accès à internet. Cette évolution a entraîné des changements importants dans divers aspects de la vie, y compris dans les systèmes éducatifs. L’innovation numérique peut élargir l’accès aux possibilités d’éducation à des apprenants auparavant exclus – tels que les personnes handicapées ou parlant une langue minoritaire – et améliorer la qualité de l’apprentissage. Les écoles numériques ouvertes peuvent rendre les systèmes éducatifs plus inclusifs des divers besoins des apprenants et plus résistants aux crises.
En outre, les technologies numériques devenant de plus en plus sophistiquées et omniprésentes, les compétences numériques et la maîtrise de l’information deviennent un élément clé de l’apprentissage fondamental, sans lequel les individus ne peuvent pas participer de manière efficace et responsable à la vie sociale, civique et économique.
Pourtant, malgré les opportunités prometteuses des vingt dernières années, telles que l’amélioration de l’accessibilité pour les apprenants marginalisés grâce à des avancées comme la connectivité, la portabilité, les ressources éducatives ouvertes et l’intelligence artificielle, d’importantes inégalités persistent, en particulier en matière de connectivité, de capacités et d’accès à des contenus d’apprentissage numériques de qualité.
Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO a révélé que seulement 40 % des écoles primaires sont connectées à internet et que moins de 10 % des écoles et des universités ont mis en œuvre des politiques internes sur l’utilisation de l’IA. Tirer parti de la technologie numérique pour l’éducation nécessite de répondre à des questions fondamentales sur son utilisation appropriée.
La pandémie de COVID-19 a encore souligné l’importance de la technologie numérique dans l’éducation, révélant de grandes disparités dans l’accès et les résultats de l’apprentissage. Reconnaissant l’importance de ce changement, les Nations unies ont fait de l’apprentissage numérique une priorité lors du Sommet sur la transformation de l’éducation en 2022. L’appel à l’action Assurer et améliorer la qualité de l’apprentissage numérique lancé lors du sommet, souligne l’importance d’utiliser trois clés pour libérer le pouvoir de l’apprentissage numérique : contenu, capacité et connectivité. En outre, la prolifération rapide des applications de l’IA dans l’éducation, souvent sans réglementation claire, a conduit à une demande croissante de soutien technique et d’orientation. En réponse à cette demande, l’UNESCO s’efforce d’établir des cadres réglementaires, de doter les enseignants et les apprenants de compétences numériques et de collecter des données pour éclairer les politiques dans un effort pour naviguer dans cette transition.
Quelle est l’approche de l’UNESCO en matière de technologies numériques et d’éducation ?
L’UNESCO préconise de tirer parti de l’innovation numérique pour élargir l’accès aux possibilités d’éducation, améliorer la qualité de l’apprentissage et mettre en place des systèmes d’apprentissage inclusifs et résilients. Cependant, aucun écran ne pourra jamais remplacer un enseignant qualifié et une salle de classe bien équipée. Lorsqu’elle est utilisée correctement, la technologie peut compléter et améliorer le travail des éducateurs. Pour que la technologie améliore les résultats de l’apprentissage et réduise les inégalités, nous devons piloter activement la révolution numérique dans l’éducation, selon nos propres termes. Tel est le message central du Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2024 intitulé « Les technologies dans l’éducation : qui est aux commandes ? ».
L’UNESCO adopte une approche humaniste afin que la technologie soit conçue au service des populations, conformément aux cadres des droits de l’homme élaborés au niveau international, et que les technologies numériques soient exploitées en tant que bien commun pour soutenir la réalisation de l’ODD 4 – Éducation 2030 et construire des futurs communs de l’éducation au-delà de 2030. Le travail de l’UNESCO est guidé par sa Stratégie sur l’innovation technologique dans l’éducation (2022-2025) publiée en 2021.
Quelles sont les actions de l’UNESCO pour soutenir la transformation de l’éducation ?
L’UNESCO:
- aide ses États membres à concevoir, intégrer et mettre en œuvre des politiques nationales et des plans directeurs efficaces en matière d’apprentissage numérique, en veillant à ce que les activités sur le terrain répondent aux besoins de chaque pays et de chaque communauté, en mettant particulièrement l’accent sur les personnes défavorisées. Outre un soutien ponctuel, l’UNESCO soutient des projets à long terme dans plusieurs pays par le biais des projets Écoles ouvertes à tous grâce à la technologie et Transformer l’éducation en Afrique grâce aux TIC.
- guide les efforts internationaux visant à aider les pays à comprendre le rôle que la technologie peut jouer pour accélérer les progrès vers l’ODD 4, comme le prévoient la déclaration de Qingdao de 2015, le communiqué de Qingdao de 2017 et la déclaration ReWired de 2022, qui énoncent des principes clés. Parmi les autres normes négociées au niveau international figurent la recommandation sur les ressources éducatives libres de 2019 et le consensus de Beijing sur l’IA et l’éducation de 2019.
- a une fonction d’observatoire des transformations technologiques émergentes, telles qu’une étude Enseigner l’intelligence artificielle au primaire et au secondaire : une cartographie des programmes validés par les gouvernements, et An ed-tech tragedy? Educational technologies and school closures in the time of COVID-19. L’UNESCO promeut également les meilleures pratiques locales par le biais du Prix UNESCO-Roi Hamad Bin Isa Al-Khalifa pour l’utilisation des TIC dans l’éducation, les meilleures pratiques en matière de REL, les meilleures pratiques en matière d’apprentissage mobile et en matière d’IA et d’éducation.
- publie des orientations pour les décideurs politiques, les enseignants et les étudiants, telles que Guidance for generative AI in education and research, Recommandations pour l’intégration des TIC dans les politiques éducatives, IA et éducation: guide pour les décideurs politiques, Lignes directrices pour l’élaboration des politiques sur les ressources éducatives libres, le Référentiel UNESCO de compétences TIC pour les enseignants, Enseigner l’intelligence artificielle au primaire et au secondaire : une cartographie des programmes validés par les gouvernements, et le Assurer un apprentissage à distance efficace pendant la crise de COVID-19: recommandations au corps enseignant.
- favorise le dialogue international en fournissant une plateforme d’échange de connaissances pour orienter la transformation numérique de l’éducation, en abordant les préoccupations émergentes liées à l’IA générative lors de réunions ad hoc telles que la table ronde ministérielle sur l’IA et l’éducation, et en organisant des conférences internationales telles que la semaine de l’apprentissage numérique et le forum international sur l’IA et l’éducation.
Quel est le rôle de l’intelligence artificielle dans l’éducation et en quoi consiste le soutien de l’UNESCO ?
L’intelligence artificielle (IA) permet de relever nombre de défis majeurs dans l’éducation et de rendre les pratiques d’enseignement et d’apprentissage plus innovantes, en aidant à réduire les obstacles à l’accès à l’éducation, automatiser les processus de gestion, analyser les schémas d’apprentissage et optimiser les processus d’apprentissage en vue d’améliorer les résultats scolaires. Dans le même temps, son utilisation doit répondre aux principes d’inclusion et d’équité.
L’UNESCO aide les États membres à faire usage du potentiel de l’IA pour la réalisation de l’Agenda Éducation 2030, dans le cadre d’une approche humaniste. Elle se concentre sur le rôle de l’IA dans le traitement des inégalités dans les domaines de l’accès à la connaissance, de la recherche et de la diversité des expressions culturelles pour l’empêcher de creuser les fossés technologiques au sein même des pays et entre eux. L’émergence rapide d’outils d’IA générative en 2023 a accéléré l’impact perturbateur de l’IA sur la société, y compris sur le secteur de l’éducation, soulevant des préoccupations juridiques et éthiques telles que la violation de la propriété intellectuelle et les atteintes à la vie privée.
L’UNESCO a joué un rôle de premier plan dans la promotion du dialogue et des connaissances dans le domaine de l’intelligence artificielle et de l’éducation. Un certain nombre de manifestations et de publications ont permis de sensibiliser aux vastes possibilités et implications de l’IA pour l’éducation, et ont aidé les États membres à commencer à relever des défis complexes. En 2019, l’UNESCO a organisé la Conférence internationale sur l’intelligence artificielle et l’éducation à Beijing, qui a abouti à l’adoption du Consensus de Beijing, le tout premier document proposant des recommandations quant à la meilleure façon d’exploiter les technologies de l’IA au service de l’éducation dans le cadre de l’ODD 4-Éducation 2030.
Pour aider ses États membres à élaborer des stratégies et des politiques en matière d’IA dans l’éducation, et conformément au Consensus de Beijing, l’UNESCO a élaboré une série d’orientations détaillées, notamment IA et éducation: guide pour les décideurs politiques, qui vise à préparer les décideurs à l’IA dans l’éducation, Enseigner l’intelligence artificielle au primaire et au secondaire : une cartographie des programmes validés par les gouvernements, la toute première cartographie des programmes gouvernementaux d’IA au primaire et au secondaire, et plus récemment, le premier Guide pour l’IA générative dans l’éducation et la recherche (Guidance for generative AI in education and research). En outre, l’UNESCO élabore actuellement deux cadres de compétences en matière d’IA pour les enseignants et les étudiants.
Que recouvrent les ressources éducatives libres ?
Les ressources éducatives libres (REL) sont des supports d’enseignement, d’apprentissage ou de recherche mis librement à la disposition de tous. Elles permettent leur consultation, leur réutilisation, leur utilisation à d’autres fins, leur adaptation et leur redistribution gratuites par d’autres. L’UNESCO appuie leur développement et leur utilisation, et œuvre à l’élaboration d’indicateurs pour le suivi et l’évaluation de leur utilisation et de leur impact, facilitant ainsi la création de politiques nationales sur les REL. L’UNESCO a élaboré et adopté des consensus et des instruments internationaux, notamment la Déclaration de Paris sur les REL 2012 et la Recommandation de l’UNESCO sur les REL, et elle fournit des lignes directrices pour l’élaboration des politiques sur les REL et un soutien technique aux États membres pour l’élaboration de stratégies sur l’adoption des REL.
L’Organisation coopère également avec des partenaires pour fournir des ressources de lecture de qualité et librement accessibles aux enfants, dans la langue qu’ils parlent à la maison, par le biais de la campagne Bibliothèque numérique mondiale et de l’Initiative Traduire une histoire. Lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, l’UNESCO et l’UNICEF ont lancé l’initative Passerelles vers l’apprentissage numérique public, une initiative mondiale multipartenaires visant à aider les pays à garantir un accès équitable à des contenus d’apprentissage numérique libres et gratuits.
Comment l’UNESCO s’emploie-t-elle à ce que les femmes et les filles soient mieux représentées dans les disciplines numériques ?
Les inégalités entre les genres dans l’accès aux nouvelles technologies ont un impact sur les compétences et le développement professionnel futur des femmes et des filles dans les disciplines numériques, ce qui entraîne également un biais sexiste dans le développement de l’IA et des outils technologiques. En effet, les femmes et les filles sont sous-représentées dans les disciplines des TIC, dans le secteur des TIC et dans le développement de l’IA, 80 % du développement de logiciels étant le fait d’équipes exclusivement masculines. L’UNESCO s’appuie sur des partenariats tels que le projet UNESCO-Huawei d’écoles ouvertes à tous grâce à la technologie pour exposer les filles à la technologie dès le début de leur scolarité, les former au secteur technologique et soutenir leurs études en IA et en nouvelles technologies.
L’UNESCO soutient également des initiatives locales, en assurant la formation et le mentorat d’ambassadrices STEM et en facilitant les campagnes de sensibilisation destinées aux écolières dans le cadre du projet Transformer l’éducation en Afrique grâce aux TIC.
Qu’est-ce que le concept d’écoles ouvertes numériques ?
Il est urgent de mettre en place une éducation plus résistante aux crises, plus inclusive et à l’épreuve du temps, et la transformation des écoles est un élément essentiel de cet effort. Les écoles doivent être repensées afin d’être non seulement plus résistantes face aux perturbations physiques, mais aussi plus réactives aux besoins en évolution rapide des individus, de la société et du monde du travail.
L’UNESCO, en coopération avec ses partenaires, a piloté la transformation numérique centrée sur l’humain de l’enseignement scolaire par le biais de modèles d’écoles numériques ouvertes, dans le but de combiner la technologie et les compétences humaines pour créer un environnement d’apprentissage flexible, inclusif et de qualité, tout en renforçant l’éducation dans les espaces physiques et virtuels.