En 2024, le Port de Bayonne a réalisé un bilan d’émission de gaz à effet de serre (GES), mettant en évidence trois axes stratégiques pour réduire son empreinte carbone : l’énergie utilisée par les industriels, le fret multimodal (maritime, ferroviaire, routier), et la typologie des produits exploités. Ces priorités définissent le cadre de l’élaboration d’un plan stratégique de décarbonation, visant à concilier croissance économique et transition écologique.
1. L’Énergie Utilisée par les Industriels : Un Axe Clé pour la Transition
Les secteurs industriels du port, tels que la métallurgie, les engrais, et les produits chimiques et pétroliers liquides, sont parmi les plus énergivores et émetteurs de GES. Pour accompagner la transition vers des pratiques plus durables, le Port de Bayonne doit soutenir l’innovation et la transition des filières traditionnelles vers des modèles économiques plus verts.
Exemple : Transformation du secteur de l’acier avec Celsa
Celsa, acteur de la transformation de l’acier et entreprise exemplaire dans son domaine (aciérie électrique, économie circulaire avec le recyclage de ferraille, laminoir à chaud en sortie d’aciérie…), est encouragé à utiliser du gaz vert pour la décarbonation de sa production. Le port, par l’implantation d’entreprises fournissant ce type d’énergie, participe à la décarbonation de cette activité industrielle.
De manière générale, le port cherche aussi à attirer toute nouvelle entreprise en quête de solutions bas carbone, en soutenant des projets d’infrastructures d’énergie renouvelable à travers des outils comme l’AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) de décarbonation lancé à la fin de l’année 2023.
2. Fret : Vers un Transport Multimodal Bas Carbone
Le fret est une composante majeure de l’activité du Port de Bayonne, mais aussi une source importante d’émissions de GES, surtout pour la partie routière, 3.5 fois plus émettrice de CO2 que le ferroviaire et 7.2 fois plus que le maritime. Le port doit moderniser ses infrastructures pour promouvoir un transport multimodal décarboné, en mer et à terre, et répondre aux exigences climatiques croissantes. Par ailleurs, nous travaillons notamment à développer une tarification incitative pour nos clients utilisant des transports décarbonés et à permettre le branchement des navires à quai.
Exemples :
Promotion du transport ferroviaire
Avec trois terminaux embranchés fer, le port mise sur le développement du transport ferroviaire, l’un des modes de transport les plus faibles en émissions de GES. L’intégration accrue du rail dans la logistique permettrait de réduire significativement les émissions liées au transport routier. De plus, la création de hubs multimodaux pourrait faciliter le transfert des marchandises entre différents modes de transport, optimisant ainsi la logistique tout en réduisant l’empreinte carbone.
Le port de Bayonne prévoit donc d’investir 8.5M€ supplémentaires dans les 3 prochaines années pour développer ses infrastructures ferroviaires et accueillir sur tous ses terminaux des trains de 750m de long.
Transition vers des véhicules et navires à carburants alternatifs
Le port travaille avec les transporteurs routiers et maritimes pour les aider à adopter des véhicules et navires à biocarburants ou à hydrogène, ainsi que pour permettre le branchement des navires à quai. Cette transition est encouragée pour réduire les émissions liées au transport, tout en maintenant des flux compétitifs et respectueux de l’environnement.
3. Typologie des Produits Exploités : Diversification et Transition Vers des Flux Durables
Le Port de Bayonne traite actuellement certains produits à haute intensité carbone, tels que les hydrocarbures, les produits chimiques, les engrais et l’acier. Ces secteurs sont en phase de transition, rendant la diversification vers des produits plus durables un axe stratégique essentiel pour la pérennité du port.
Exemples :
Diversification vers des biomatériaux et énergies renouvelables
Le port se tourne vers des filières plus vertueuses comme les biomatériaux et les équipements pour énergies renouvelables et la production d’énergies renouvelables. Par exemple, l’accueil de projets d’énergies renouvelables sur le site portuaire permettrait d’anticiper les besoins du marché tout en assurant une transition vers des flux à faible intensité carbone.
Trafic de CO₂ et modernisation des infrastructures
Le développement de nouvelles infrastructures, comme un poste à quai dédié au transit du CO₂, permettrait d’accueillir des flux plus rémunérateurs et vertueux. Ces investissements sont indispensables pour moderniser le port et le rendre compétitif face aux grandes plateformes logistiques européennes.
4. L’Écologie Industrielle et Territoriale (EIT) : Un Levier Stratégique pour la Décarbonation
L’Écologie Industrielle et Territoriale (EIT) permet de créer des synergies entre les industries présentes dans la zone portuaire pour optimiser l’utilisation des ressources, mutualiser les infrastructures, et réduire les déchets et les émissions de GES.
Exemples :
Mutualisation de la chaleur résiduelle
Un projet concret en cours est la mutualisation de la chaleur fatale générée par l’usine Celsa. Cette chaleur pourrait être récupérée et réutilisée par d’autres entreprises du port, ou pour le chauffage de logements ou locaux publics voisins, réduisant ainsi le recours aux énergies fossiles. Cette démarche est un exemple emblématique de l’EIT, maximisant l’efficacité énergétique tout en réduisant les coûts pour les entreprises/collectivités/habitants.
Recyclage et réutilisation des matières premières
Le port encourage la réutilisation des sous-produits entre industries. Par exemple, les déchets issus des nouvelles activités pourraient être réutilisés dans le processus de production d’autres industries. Cela permet non seulement de réduire les déchets, mais aussi de diminuer les émissions liées au transport des matières premières.
Conclusion : Un Modèle Durable et Compétitif
Le Port de Bayonne se positionne à l’avant-garde des ports engagés dans la décarbonation de leurs activités. En soutenant la transition énergétique des industriels, en modernisant ses infrastructures pour promouvoir un transport bas carbone, et en diversifiant ses activités vers des produits et projets durables, le port se garantit une compétitivité accrue dans un contexte de transition écologique mondiale.
Ces initiatives non seulement renforcent l’attractivité du port, mais elles le transforment également en un modèle de dynamisme durable, au service de son territoire. Grâce à sa vision tournée vers l’avenir et ses investissements stratégiques, le Port de Bayonne concilie croissance économique et protection de l’environnement, assurant ainsi sa pérennité dans un marché logistique et industriel en pleine mutation.