Gagner en productivité et en sûreté tout en limitant son impact environnemental, c’est la promesse de la deeptech française Altaroad qui ambitionne d’améliorer la durabilité et la sécurité des infrastructures routières. Un portrait que Big média vous propose de découvrir à travers son podcast « Ça c’est deep ».
Rendre nos routes intelligentes. C’est l’ambition de Cécile Villette, Bérengère Lebental et Rihab Jerbi, les trois cofondatrices d’Altaroad.
On recense aujourd’hui plus d’un million de kilomètres de routes revêtues en France, ce qui représente un entretien colossal pour maintenir des espaces sûrs et homologués. « Le constat qu’on a fait, c’est que les routes coûtent beaucoup plus cher à créer qu’à entretenir, donc si on en prend soin, ça a bien sûr un impact financier, mais également environnemental », affirme Cécile Villette pour qui la clé de tout bon entretien réside dans la prévention plutôt que dans le soin. « Le tout est de savoir les réparer au bon moment avec la bonne info. Aujourd’hui, c’est cette information-là qu’il manque au secteur puisqu’au lieu de prévenir les dégâts, on les constate une fois que le mal est fait ».
Selon une étude menée par BBCA (Label BBCA (Bâtiment Bas Carbone), le secteur du bâtiment serait responsable de 25 % de notre impact carbone, et produirait à lui seul plus de déchets que l’ensemble des particuliers réunis, soit chaque année plus de 220 millions de tonnes de béton, de bois, de sable, de gravats et d’autres matériaux. « La gestion des déchets dans le secteur du BTP – qui finissent pour la plupart à l’autre bout du monde – est devenue un enjeu de compétitivité internationale » note Cécile Villette. C’est dans ce but qu’en 2017, l’entrepreneure et ingénieure spécialisée dans le déploiement d’objets connectés pour les télécoms et l’énergie cofonde, aux côtés de Bérengère Lebental et Rihab Jerbi, la deeptech Altaroad afin d’améliorer la durabilité.
« Toute la chaîne de valeur a un intérêt à utiliser la traçabilité »
Peu de temps après leur lancement, les trois co-fondatrices mettent au point TopTrack, une intelligence artificielle permettant d’aider les secteurs du BTP, de la logistique, et même des circuits automobiles, à mieux maintenir et entretenir les routes mais également à développer leur connectivité, notamment la détection du trafic en temps réel. Pour ce faire, il suffit de placer sur la chaussée un mince support mobile muni de capteurs (couplés avec des caméras, le tout relié à la plateforme de machine learning d’Altaroad) pour disposer en temps réels d’informations sur le poids du chargement des camions, tracer les déchets transportés, anticiper leur valorisation, optimiser le chargement et donc les flux de véhicules sur les routes. « Notre solution est très flexible et s’adapte parfaitement à tous les métiers liés au gros œuvre, qui par essence sont des infrastructures temporaires. Les employés disposent d’une application sur tablette qui simplifie considérablement le travail sur place, permet de dématérialiser toute la paperasse administrative, d’automatiser le reporting, d’éviter les erreurs et de gagner un temps précieux ». Cette technologie est également adaptable à d’autres véhicules et à d’autres applications, dans l’agriculture ou la maintenance du réseau routier par exemple.
« Toute la chaîne de valeur a un intérêt à utiliser la traçabilité : donneur d’ordre, maître de chantier, terrassier, transporteur… ». Au-delà de réduire l’impact financier et environnemental des acteurs du secteur, cette solution permet de gagner en productivité et en sûreté grâce à une analyse du cycle de vie des déchets. Pour les chantiers, la traçabilité permet, par ailleurs, d’optimiser le chargement des camions – souvent surchargés ou sous-chargés – et ainsi réduire leur présence sur les routes. Depuis 2018, la solution de l’entreprise a ainsi été déployée sur plusieurs sites de chantier du Grand Paris et fait l’objet d’une démonstration sur une route construite par Eiffage à Lyon. Leader dans le secteur des routes intelligentes en France, ses principaux concurrents étant basés en Israël et en Australie, la start-up envisage désormais de se développer à l’international.