« Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est le futur »
– Leonard de Vinci
Le modèle capitaliste mondialisé actuel mène à une impasse climatique (E), sociale (S) et de gouvernance (G). C’est la conviction que nous avons développée dans les deux premières parties de cette lettre. Se reposer sur l’idée que les gouvernements doivent se coordonner pour infléchir cette dynamique n’est pas réaliste. La tâche est trop ardue, car elle demande à la fois de résister aux lobbies, mais aussi de parvenir à un consensus entre de nombreux États aux intérêts divergents. Une telle approche supposerait également de remettre en question les habitudes de populations qui consentent au modèle actuel, car il leur apporte un confort qui les dispense de se remettre en question.
D’un autre côté, se contenter d’espérer que la technologie nous sauvera nous permet également de rester dans le confort du « ne changeons rien, ils trouveront bien quelque chose ». Ce pari est séduisant, mais il est dangereux, car il nous pousse à accepter de mettre notre liberté entre parenthèses pour laisser une technologie miraculeuse nous sauver. Nous concluions la dernière lettre en affirmant que la seule solution possible pour faire pivoter notre système économique vers un modèle plus durable passait par une démarche intérieure visant à transcender le cloisonnement des savoirs, à repenser notre rapport au vivant et à remettre le facteur humain au centre de l’équation économique.
Cet effort est considérable, mais nécessaire, car des modifications superficielles de notre système économique ne suffiront pas à éviter l’impasse vers laquelle le modèle actuel nous mène. Ne nous méprenons pas. Lorsqu’on parle d’adopter un modèle plus durable, on parle bien d’éviter l’effondrement de notre civilisation, car la période que nous vivons constitue probablement un carrefour dans l’histoire de l’humanité. Le modèle économique qui nous est présenté comme le seul capable d’apporter la prospérité et le bonheur s’emballe au point de menacer la survie de notre espèce.