Aujourd’hui, 8 français sur 10 affirment ne pas faire confiance aux discours environnementaux ou sociaux des entreprises. Ce chiffre est encore plus élevé chez les jeunes : il monte à 90 % pour les 18-24 ans.
De ce constat émerge la problématique de l’information émise par l’économie réelle : d’une part, alors que les questions environnementales représentent le deuxième sujet de préoccupation des français, il existe une véritable méfiance vis-à-vis de la communication des entreprises sur le sujet. Les pratiques de « greenwashing » trompent de moins en moins de citoyens et contribuent à la perte de confiance entre consommateurs et producteurs. D’autre part, l’impact environnemental de la production d’information en elle-même préoccupe de plus en plus, lorsque l’on sait que le web et le trafic aérien mondial émettent aujourd’hui la même quantité de CO2 d’après les données de l’ADEME. Il existe donc un réel besoin de limiter la pollution liée aux informations échangées par le biais du numérique.
En ce sens, en France, la loi Climat et Résilience d’août 2021, inspirée des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, a été mise en place pour réguler la publicité afin d’en réduire l’impact sur l’environnement et limiter les pratiques de publicité mensongère sur le plan environnemental. Néanmoins, force est de constater que certaines de ces pratiques continuent d’exister en raison de la marge d’interprétation que les entreprises ont de la loi.
Comment faire pour généraliser l’application de la loi Climat et Résilience, et quelles mesures prendre pour ériger la communication responsable et la transparence vis-à-vis du consommateur en normes dans le marketing ou la publicité ?
La France ne fait pas exception. La nécessité d’une information plus authentique se fait ressentir bien au-delà des frontières de l’hexagone, et sur un spectre allant de la publicité à l’information financière. Ainsi, en Europe, des initiatives ont vu le jour en vue d’harmoniser l’information et les normes de reporting extra-financier d’une part, et les normes de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) d’autre part.
En effet, le programme Responsibility Europe créé à l’initiative du groupe AFNOR (France), de l’INDR (Luxembourg) et d’Ecoparc (Suisse) pose les jalons d’une potentielle labellisation européenne pour la RSE. Celle-ci permettrait de relier autour d’un même label les entreprises et organisations qui ont reçu les mêmes certifications reconnues à l’échelle européenne. Ainsi, la nouvelle directive CSRD qui amende et complète les éléments déjà inclus dans la directive NFRD avec de nouveaux principes tels que l’audit des rapports RSE produits par les entreprises, a commencé à être discutée en avril 2021. De ce fait, il est possible de s’interroger sur les évolutions et formes que vont prendre ces directives européennes dans un futur proche. Quel impact concret pourraient-elles avoir sur les entreprises et les citoyens ?
Sur le terrain plus spécifique de la finance et de l’investissement, un travail de démocratisation de l’information financière et extra-financière se fait à l’échelle de l’Union européenne, notamment autour des fonds d’investissements durables pour améliorer leur identification et leur lisibilité. Nous pouvons citer le projet de taxonomie européenne qui vise à répertorier les activités économiques compatibles avec les objectifs environnementaux de l’Union. En mars 2021 a également été mise en place la seconde pierre angulaire de la finance durable européenne (avec la CSRD) : le règlement européen sur la publication des informations liées à la durabilité dans le secteur financier (SFDR). Celui-ci s’inscrit dans le même objectif « pédagogique » que la taxonomie européenne.
La concrétisation de ces directives et plans d’action européens sur l’information durable doit se matérialiser en 2023, mais les acteurs concernés ne se disent pas encore prêts à mettre en place ces mesures. Quels leviers peut-on alors actionner pour les accompagner dans la réorientation de leur politique de manière durable ?