La pollution générée par la fuite et l’abandon des plastiques dans l’environnement est un enjeu mondial qui impacte significativement les écosystèmes. 50% des objets trouvés sur les plages de l’Union européenne sont ainsi des articles en plastique à usage unique, notamment des emballages et contenants. Face à ce constat, les règlementations françaises et européennes ont affiché des objectifs ambitieux de réduction, de réemploi et de recyclage des emballages en plastique. En lien avec ces enjeux, les emballages en plastique compostables sont souvent cités comme une alternative plus responsable. Pas si simple ! C’est ce que montre l’ADEME dans son AVIS sur l’intérêt des emballages ménagers en plastique compostables.
Compostable, biodégradable : des distinctions indispensables
L’Avis de l’ADEME publié ce jour rappelle que le terme de « compostable » traduit une aptitude à se biodégrader dans un milieu dit de « compostage » selon les conditions et exigences inscrites dans les normes en vigueur, et non une aptitude à se biodégrader dans un milieu naturel. En effet, cette mention « compostable » ne garantit pas que cet emballage abandonné dans la nature parvienne à se biodégrader suffisamment vite dans l’environnement pour ne pas générer d’impacts sur les écosystèmes.
Ainsi, l’ADEME révèle que faire le choix d’un emballage en plastique compostable ne constitue pas une solution face à l’enjeu de pollution générée par les plastiques dans l’environnement. Il est préférable de respecter l’ordre de priorité des modes de traitement pour les produits en fin de vie1 : prévenir, réutiliser puis recycler les emballages, et, le cas échéant, les orienter vers d’autres voies de valorisation.
Selon l’ADEME, le compostage d’un emballage en plastique ne peut être considéré comme du recyclage car la matière, majoritairement transformée en CO2, n’est plus disponible pour fabriquer un nouveau produit. Par ailleurs, l’emballage en plastique compostable décomposé n’a pas de valeur fertilisante en lui-même. En revanche, il peut présenter un intérêt s’il permet d’accroître ou faciliter la valorisation organique des déchets en tant que contenant de collecte. Ainsi, un sac en plastique compostable facilitant la collecte séparée des biodéchets permet d’augmenter les quantités de biodéchets valorisés par compostage ou méthanisation. Ce sont bien les biodéchets, et non le contenant en plastique, qui génèrent une matière fertilisante, épandue ensuite sur les sols, et/ou du biogaz.
À noter que, dans la pratique, les sacs en plastique sont généralement retirés pour ne pas déstabiliser la valorisation organique, notamment en raison de la durée de compostage des biodéchets qui n’est pas toujours compatible avec la durée de compostage de ces sacs, même compostables.
En conclusion, deux conditions sont à remplir pour que les emballages en plastique compostables soient pertinents d’un point de vue environnemental :
• Contribuer à augmenter les quantités de biodéchets valorisés.
• Ne pas perturber les filières de traitement des déchets.
Les emballages répondant aujourd’hui à ces deux conditions sont très spécifiques de certains usages comme les sacs (fournis ou non par la collectivité) utilisés pour la collecte des déchets de cuisine et de table, ou les capsules de café.
Limiter l’impact environnemental des emballages compostables en fin de vie : les recommandations de l’ADEME
Pour limiter l’impact environnemental des emballages compostables en fin de vie, l’ADEME invite, dans un premier temps, chacun à réduire sa consommation d’emballages, quels qu’ils soient, par suppression ou réemploi.
L’ADEME recommande également de jeter les emballages en fin de vie dans le bac jaune, y compris ceux qui portent une mention « compostable » ou « biodégradable » dans quelque milieu que ce soit. En effet :
• Depuis le 1er janvier 2023 en France, tous les emballages doivent être placés dans la poubelle de tri-sélectif.
• Une fois arrivés en centre de tri, les emballages en plastique compostables sont séparés des déchets recyclables et envoyés avec les autres refus généralement en valorisation énergétique.
• Seuls les sacs de collecte de biodéchets, composés pour tout ou partie de plastique compostable dans des conditions précises, et les capsules et dosettes de café composées à 95% de papier, sont généralement autorisés à être jetés dans la poubelle des biodéchets, ceci ne concernant que les bénéficiaires d’une collecte sélective des biodéchets.
• Pour les Français n’étant pas couverts par la collecte sélective mais ayant accès à des points d’apports volontaires ou à un composteur domestique, il convient de ne pas y mettre d’emballages ou de produits en plastique, y compris compostable ou biodégradable.
Pour autant, concernant les emballages en plastique compostables jetés dans la poubelle sélective des biodéchets, l’ADEME rappelle plusieurs précautions à prendre et évolutions des normes à connaitre pour éviter des impacts négatifs. Selon l’ADEME, il est nécessaire de :
• Renforcer et / ou faire évoluer les normes de biodégradation des plastiques compostables en milieu compost et en milieu méthanisation pour éviter qu’ils ne perturbent les processus de compostage et de méthanisation et que des morceaux de plastique soient encore présents au moment d’épandre la matière sur les sols.
• Faire évoluer le code rural pour évaluer l’innocuité du retour au sol de résidus de plastiques compostables.
Pour aller plus loin :
Retrouver l’avis de l’ADEME « Les limites des emballages en plastique compostables » ici.
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