Pailles, couverts, touillettes… De plus en plus d’emballages et d’objets en plastique à usage unique disparaissent de notre quotidien. Mais ceux qui restent sont encore trop peu recyclés. Dans ces conditions, pourrons-nous, demain, nous passer du plastique ?
Le plastique devrait continuer à faire partie de notre quotidien tout en limitant son impact sur l’environnement. « Demain, l’économie du plastique sera circulaire ». C’est la conviction de Michel Daigney, responsable sectoriel chimie et environnement à la direction des filières industrielles et d’Alexis Mahieu, directeur d’investissements, chez Bpifrance. Selon ces deux experts, la France est aujourd’hui un des mauvais élèves européens en matière de gestion des plastiques, mais demain, celle-ci fera partie du peloton de tête du continent. Ensemble, cadre du projet « Demain »*, ils cassent les idées reçues sur l’avenir du plastique.
Vers une utilisation raisonnée du plastique
Idée reçue n°1 : En 2030, nous n’utiliserons plus d’emballages plastiques ! Vrai ou faux ?
C’est faux !
Les propriétés des plastiques (légèreté, souplesse, propriété barrière, coût…) les rendent incontournables dans de nombreuses applications. Cependant, du fait de la réglementation ou d’une baisse de la demande, certains emballages plastiques vont disparaître.
« En 2030, il y aura toujours du plastique mais notre usage sera plus raisonné », affirme Michel Daigney. En effet, supprimer tous les plastiques, de tous les produits, semble illusoire voire préjudiciable, notamment pour des questions sanitaires.
Un avis partagé mais nuancé par Alexis Mahieu qui complète : « En 2030, seuls les plastiques pour lesquels il n’existera pas de solution de fin de vie auront disparu ». Ceux-ci pourront être remplacés par des matériaux tels que le papier, le verre ou encore le carton qui pourraient prendre 5 à 10 % des volumes. En parallèle, des solutions de vrac et de réemploi devraient se développer et représenter chacune 5 % du marché d’ici 10 ans.
Idée reçue n°2 : Demain, les emballages plastiques seront écoconçus. Vrai ou faux ?
C’est vrai.
Demain les emballages seront écoconçus et pensés de manière à mieux collecter et à mieux recycler.
Selon le directeur d’investissement, « l’écoconception sera impulsée par les marketeurs des metteurs sur le marché et l’évolution règlementaire ». Cela passera par une standardisation des résines et la fin de l’emballage multicouche. Quant au taux d’incorporation de matière plastique recyclée, celui-ci devrait augmenter afin d’atteindre progressivement 100 %, et la part du biosourcé augmentera.
Idée reçue n°3 : La filière du recyclage du plastique est une filière mature. Vrai ou faux ?
C’est faux !
Cependant, nous devrions assister à un véritable renouveau industriel de la filière plastique dans les années à venir.
« Entre l’extension des consignes de tri et la hausse de la demande, les industriels vont devoir recycler une plus grande variété d’emballages plastiques, tout en augmentant la qualité des matières recyclées. », analyse Michel Daigney. Pour cela, les centres de tri et de recyclage vont se concentrer (un par département) et se moderniser avec davantage d’intelligence artificielle ou de robotique. En parallèle, de nouvelles technologies de recyclage vont se développer, comme le recyclage chimique. Enfin, des filières de collecte, de tri ou encore de réemploi vont se développer et se multiplier (consignes, magasins inversés…).
Idée reçue n°4 : L’accès à la matière plastique recyclée sera un des enjeux de demain. Vrai ou faux ?
C’est vrai !
Il devrait y avoir une forte demande de matières plastiques recyclées dans les années à venir.
C’est d’ailleurs déjà le cas sur le PET **recyclé. La sécurisation de l’accès aux matières plastiques recyclées sera clé et devrait entraîner un rapprochement entre certains maillons de la chaîne de valeur, notamment entre les pétrochimistes et les recycleurs, mais aussi entre les metteurs sur le marché et les recycleurs. « Le but ultime étant la boucle fermée », affirme Alexis Mahieu.
L’enjeu à terme est de permettre au marché des résines recyclées de progressivement se déconnecter du marché des résines vierges.
Idée reçue n°5 : La France est en retard au niveau européen en termes de recyclage d’emballages plastiques. Vrai ou faux ?
C’est vrai.
Le taux de recyclage d’emballages plastiques est aujourd’hui de 26 % en France.
Ce qui nous classe avant-dernier en Europe. Et avec tous les changements en cours, « nous devrions doubler ce taux d’ici 2030 et rejoindre le peloton de tête européen », assure Michel Daigney. Un taux qui pourrait même atteindre 75 % d’ici 2040 en fonction du développement du recyclage chimique.
*Portée par Bpifrance, Demain est une démarche collective de réflexion sur neuf enjeux majeurs, autour de l’économie et de l’industrie, et vise à préparer les entreprises aux révolutions en cours.
**Le PET ou polyéthylène téréphtalate est un plastique. Recyclable à 100 %, il est souvent utilisé pour le conditionnement de produits liquides provenant aussi bien de l’agroalimentaire que de l’industrie pharmaceutique.