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La méthanisation est-elle une solution renouvelable ?

La méthanisation pourrait constituer un des leviers majeurs pour atteindre un mix de gaz 100 % renouvelable dans les réseaux en 2050. Des chercheurs de l’Inrae ont publié un bilan environnemental de la méthanisation agricole. Etat des lieux d’un secteur en développement. [Energies renouvelables 4/6]. 

Remplacer 10 % du gaz naturel par du biogaz à base de méthane, voilà l’objectif de la France à l’horizon 2030. Utilisée depuis les années 1970, la méthanisation sert à l’origine à dépolluer les effluents d’élevage, les boues de stations d’épuration ou encore les déchets des industries agroalimentaires. « La méthanisation repose sur l’action de microorganismes qui fermentent et digèrent la matière organique. Elle permet de produire du biogaz et ainsi être utilisée en tant que source d’énergie, injectée directement dans le réseau de gaz naturel. Elle peut aussi générer de l’électricité, voire servir de carburant. Sous une autre forme, le méthane peut aussi devenir du « digestat », un résidu de la fermentation, utilisable comme fertilisant », explique Romain Cresson, directeur de l’unité business à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).  

Aujourd’hui, et à l’avenir, la méthanisation passera essentiellement par les déchets et en particulier les déchets agricoles. « Le gisement disponible en 2030 est estimé à 83 % d’origine agricole, complété par 13 % des déchets des collectivités et du traitement des eaux et de 4 % de déchets industriels et commerciaux », précise le directeur. En ce sens, Romain Cresson et ses équipes ont rédigé une étude pour réaliser un bilan environnemental de la méthanisation agricole. « Cette étude pose des bases solides et vient répondre à de nombreuses questions soulevées dans le rapport de la mission d’information sénatoriale publié cet automne ».  

Un bilan environnemental positif, sous certaines conditions 

L’étude compare les impacts de deux scénarios, l’un avec méthanisation et l’autre sans, dans différents contextes agricoles orientés vers la polyculture ou vers l’élevage. Dans l’ensemble, le scénario avec méthanisation démontre l’impact positif apporté au secteur agricole. « Aujourd’hui, 98 % des ressources sont des déchets. C’est très bien parce que la méthanisation permet de les dépolluer et de produire de l’énergie. La question se pose plutôt pour demain. A l’avenir il y aura un déficit en déchets, il va donc falloir combler ce manque par de la ressource cultivée », indique Romain Cresson.  

La solution envisagée repose sur la mise en place de cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) qui pourraient assurer 50 à 75 % de la production de gaz renouvelable. Ces cultures ne concurrenceraient pas celles produites à des fins alimentaires et seraient semées dans des périodes d’intercultures, c’est-à-dire entre deux cultures principales. « Ces CIVE engendrent nécessairement des impacts négatifs par leurs traitements et le passage de tracteurs, mais le positif l’emporte. En plus de la méthanisation, elles permettront de réduire l’érosion des sols et d’augmenter le stockage du carbone », explique Doris Brockmann, cheffe de projet qui a participé à l’élaboration de l’étude.  

Si l’étude démontre un bilan environnemental en faveur de la méthanisation par le développement de ces cultures, d’autres questions restent encore en suspens, notamment sur la définition de ce que doivent être et ne pas être ces CIVE et sur leurs mises en pratique.  

10 000 méthaniseurs d’ici 2050 

Pour atteindre les objectifs fixés par la Programmation pluriannuelle de l’énergie en 2050, il faudrait disposer 10 000 méthaniseurs sur tout le territoire. Aujourd’hui, environ 1 200 sont installés en France et 250 sont créés chaque année. D’ici 2030 ce nombre devrait passer à 500. Mais ces installations coûtent chères, entre des centaines de milliers à plusieurs millions d’euros et les projets mettent du temps à apparaître. « Les installations qu’on voit fleurir aujourd’hui sont des modèles qui ont commencé à se développer à partir de 2006. De manière générale, entre l’idée et le démarrage d’une unité il peut s’écouler 5 à 6 ans », précise Romain Cresson.  

Ces centrales de tailles conséquentes sont aussi confrontées, comme pour les parcs éoliens et de panneaux photovoltaïques, à l’acceptabilité locale des riverains. « Pour chaque projet, il doit y avoir une étude d’impact avec une concertation avec les riverains. Il faut une méthanisation à échelle humaine, décentralisée, avec des projets qui tiennent compte des enjeux locaux » affirme le directeur. « Dans les pays scandinaves, l’acceptabilité est très bonne, les unités sont ancrées dans le paysage. Il faut s’en inspirer », ajoute-t-il. 

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