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Comment garantir la sécurité alimentaire face aux enjeux climatiques ?

Alors que la malnutrition touche actuellement des centaines de millions de personnes dans le monde, le dérèglement climatique et ses conséquences sur les cultures compromettent plus encore l’accès à une alimentation en quantité suffisante et de qualité. Quels sont les leviers pour garantir la sécurité alimentaire avec de bons rendements agricoles tout en réduisant les impacts du changement climatique ? Le point avec Christine Hatté, géochimiste et géochronologue, et Thierry Heulin, expert en écologie microbienne des sols.

Christine Hatté (CEA) est directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (IPSL-LSCE, unité mixte CEA/CNRS/UVSQ).

Thierry Heulin (CNRS) est directeur de recherche à l’Institut de biosciences et biotechnologies (BIAM, unité mixte CEA/CNRS/Aix-Marseille Université).

Que recouvre la notion de sécurité alimentaire ?

Thierry Heulin : On définit la sécurité alimentaire comme le fait que la production agricole doitminima couvrir les besoins en alimentation de la population, aussi bien de façon quantitative que qualitative. L’offre et la demande sont à peu près à l’équilibre dans la plupart des pays riches, sauf dans des cas particuliers comme avec la guerre en Ukraine où l’offre risque d’être en dessous de la demande pour le blé, les protéagineux et les oléagineux. L’écart offre/demande est plus important dans les pays pauvres et à revenus intermédiaires. Les difficultés d’accès à une nourriture saine et de qualité sont également plus grandes pour les populations les plus vulnérables. La sécurité alimentaire peut être compromise par plusieurs facteurs, dont les conflits comme évoqué précédemment mais aussi les crises et fluctuations économiques ainsi que le changement climatique. Assurer la sécurité alimentaire au niveau mondial est l’un des 17 objectifs de développement durable que les états se sont engagés en 2015 à atteindre d’ici à 2030.

Comment le dérèglement climatique affecte-t-il la production agricole et donc la sécurité
alimentaire ?

Thierry Heulin : Le changement climatique, notamment la hausse des températures, a surtout des conséquences sur le cycle de l’eau et sur l’alimentation hydrique, qu’elle soit humaine ou végétale. L’augmentation du niveau de la mer, qui est aussi un effet du changement climatique, crée des zones de salinisation : l’eau de mer rentre dans les terres et pénètre progressivement dans les nappes phréatiques, qui sont nos réserves en eau douce. Le pourtour méditerranéen (Tunisie, Algérie, Egypte…) est particulièrement concerné par cette situation tout comme le Bengladesh. 

Christine Hatté : Les événements climatiques extrêmes (orages de grêlons, sécheresses, précipitations…) ont également un impact désastreux sur les sols et les cultures. Le manque d’eau peut être catastrophique mais de même son excès, dû à de fortes pluies, qui peut induire une érosion plus intense des sols. On peut avoir un accroissement du lessivage, c’est-à-dire un transport des particules minérales et de la matière organique associée porteuse des nutriments du sol et des pesticides éventuellement utilisés, vers les nappes phréatiques. Avec deux conséquences : un appauvrissement de ces sols et la pollution des eaux.  

Thierry Heulin : Le réchauffement climatique a comme autre conséquence le déplacement de « ravageurs » (insectes, champignons, micro-organismes…) dans des régions dont ils étaient absents par le passé et où les cultures n’ont pas eu le temps de s’adapter. C’est le cas, par exemple, de la chenille légionnaire qui dévaste le maïs et le sorgho en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord. Avec le réchauffement climatique, les prévisions actuelles laissent penser que cette chenille va aussi s’introduire en Europe dans quelques années et provoquer des dégâts majeurs. Si leur déplacement se fait via les humains et leurs marchandises, leur installation a ensuite lieu parce que le climat change. Les moyens de lutter contre ces ravageurs sont limités. Les insecticides chimiques sont progressivement interdits, ce qui est une bonne chose. Mais les molécules alternatives sont peu nombreuses. On peut utiliser le Bt, un insecticide à base de protéine cristal produite par la bactérie Bacillus thuringiensis, avec le risque que les ravageurs s’y adaptent.

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