Photo ©Arnaud Boissou/ Terra
Le Forum de l’engagement, avec sa thématique « objectif décarbonation », est un événement majeur, marquant une décennie d’efforts depuis les Accords de Paris pour lutter contre le changement climatique et atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il rassemble des acteurs industriels clés pour élaborer des solutions concrètes, partager les meilleures pratiques et accélérer les efforts collectifs vers une économie durable.
La question environnementale me tient particulièrement à cœur, comme en témoigne la politique ambitieuse que j’ai conduite à Dijon, faisant de la ville une référence écologique à l’échelle européenne. En tant que ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation, je porte la même ambition à l’échelle nationale.
Nous le savons, l’aménagement du territoire joue un rôle crucial dans la décarbonation du pays. En favorisant le renouvellement urbain et en optimisant l’usage des secteurs déjà urbanisés, il permet de réduire l’artificialisation des sols et contribue ainsi à préserver les espaces naturels et agricoles.
Un aménagement du territoire bien pensé réduit les besoins en déplacements motorisés, développe les transports en commun, les pistes cyclables et les voies piétonnes, en somme encourage les modes de transport décarbonés.
Un aménagement du territoire durable intègre des normes de construction visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, facilite l’intégration des énergies renouvelables. Il prend en compte la gestion des ressources en eau, la préservation des sols et la protection des écosystèmes. Il mobilise l’action foncière publique pour la décarbonation des territoires. Cela inclut la reconversion de friches industrielles, la création de parcs urbains et la promotion de l’agriculture urbaine, qui contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, un aménagement du territoire participatif implique nos citoyens dans les projets de décarbonation, encourageant une prise de conscience collective.
Le ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation s’engage activement à relever ces défis. Pour décarboner l’industrie, nous nous employons à réduire la consommation de foncier lors de l’implantation de nouvelles industries. La question des aménités qui englobe le logement et l’accueil des salariés, à travers des solutions de stationnement, d’équipements, de crèches, est tout aussi cruciale dans la gestion de l’espace. Ces réflexions sont au cœur de notre stratégie de zéro artificialisation nette.
Tout projet industriel doit s’inscrire dans un écosystème plus large, nécessitant une approche intégrée. Cela implique de penser non seulement à la connexion entre les logements des salariés et leur lieu de travail, mais aussi à leur intégration dans la vie citoyenne. Il s’agit de faciliter l’accès aux services publics, aux écoles, et aux loisirs, tout en réfléchissant à la mobilité des habitants. On ne peut pas élaborer un projet de territoire en cloisonnant les transports et le développement économique. Grâce à cette vision transversale de l’aménagement du territoire, nous apportons une réelle valeur ajoutée en matière de décarbonation.
Nous visons une trajectoire de sobriété foncière avec l’objectif de réduire de 50 % l’artificialisation des sols d’ici 2050, et d’atteindre zéro artificialisation nette à cette échéance. Toute nouvelle artificialisation devra être compensée par une renaturation, ce qui implique de réutiliser les friches disponibles. Je suis convaincu de cette approche.
Par ailleurs, je pense que la « densification heureuse » est possible. On peut construire des tours et densifier la ville en utilisant les espaces vacants, tout en créant un environnement agréable. En concevant des espaces publics respectueux de l’environnement, nous offrons aux citoyens un accès à la nature en ville, ainsi qu’une sensation d’espace. Non seulement nous améliorons le cadre de vie des habitants mais nous contribuons à la décarbonation.
Je suis aussi un fervent défenseur de la démarche Éco-Quartier. Lancée en 2009, elle a pour ambition de créer des quartiers durables en intégrant des principes environnementaux, économiques et de mixité sociale. Les projets sont évalués et peuvent obtenir des labels attestant de leur performance durable. En réduisant la mobilité et en intégrant des services et des commerces au pied des immeubles, il promeut une approche décarbonée de l’aménagement du territoire.
Dans l’articulation entre décarbonation et aménagement du territoire, il me semble également important d’évoquer les programmes pilotés par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), sous ma responsabilité. Je pense à « Action Cœur de Ville » dont l’objectif est de revitaliser et réhabiliter les centres-bourgs, tant sur le plan commercial qu’en matière d’habitat. De même, les initiatives « Petites Villes de Demain » et « Villages d’Avenir » adoptent une approche intégrée, couvrant divers axes tels que la mobilité, le développement commercial et le logement. Ces actions contribuent à une vision globale et décarbonée de l’aménagement du territoire.
Avec le gouvernement, nous élaborons une stratégie unifiée de l’aménagement du territoire, où la décarbonation, les mobilités douces et la gestion durable des ressources naturelles sont au cœur de la transition écologique.
Ensemble, mobilisons-nous pour construire un avenir plus durable où chaque initiative locale aura un impact global.
François Rebsamen
Ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation