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Trois solutions pour réduire l’usage des plastiques dans les emballages

Avec un taux de recyclage des emballages plastique ménagers de seulement 26 %, la France est loin de pouvoir atteindre son objectif de 100 % d’emballages recyclés d’ici 2025. On fait le point sur les leviers disponibles pour rattraper ce retard.

100 % d’emballages recyclés d’ici 2025. L’objectif ambitieux, fixé par la « Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire » de 2020, a subi un coup d’arrêt avec la crise sanitaire du Covid-19. La pandémie a en effet révélé le caractère indispensable de certains produits comme les masques, les sachets individuels, etc. Dans ces conditions, quelles sont les solutions disponibles pour tenter de rattraper le retard de la France en matière de recyclage des emballages pastiques ? Réponses.  

1. La substitution ou élimination des emballages, une solution partielle 

Légèreté, souplesse, propriétés barrière, coût… Toutes ses propriétés font du plastique un matériau difficilement remplaçable, dans certains usages. Pourtant, des alternatives existent. Le verre et le papier sont les plus évidentes, suivies de l’aluminium et l’acier (utilisé notamment pour les boîtes de conserve) ou encore le papier. Tous ces matériaux présentent des avantages et des inconvénients et ne semblent pas pouvoir remplacer le plastique à 100 %. Par exemple, la présence de produits polluants, comme les encres rend difficile une utilisation du papier recyclé pour les emballages avec contact alimentaire. De son côté, le verre en raison de son poids est très consommateur d’énergie. 

Si la substitution n’est pas la panacée, réemploi fait son chemin dans les usages des consommateurs. Le vrac a ainsi fait son apparition dans les supermarchés, la recharge de flacons ou bouteilles en plastiques se développe, la consigne fait de plus en plus de nouveaux adeptes, etc.  

Mais la meilleure solution reste de repenser le produit pour se passer de l’emballage à l’image des cosmétiques solides (shampoing, dentifrice, déodorant) ou des produits « faits maison » comme Sodastream (le soda fait maison avec une bouteille fournie par le producteur). 

Ces solutions devraient concerner 10 % du marché des emballages ménagers d’ici 2030. 

2. Simplification, standardisation : les nouveaux mots d’ordre des recycleurs  

Autre levier identifié pour réduire l’usage de ces plastiques : la simplification de l’emballage et sa standardisation. Le couple produit-emballage devra être conçu de manière à réduire l’emballage plastique et à le simplifier pour faciliter la collecte et le recyclage. C’est ce qu’on appelle l’éco-conception. Finis les emballages avec étiquettes collées, un bouchon coloré et une silhouette stylée qui utilisent plusieurs plastiques différents. 

La standardisation des types d’emballages deviendra le maître mot : 1 emballage, 1 type de plastique.  Car qui dit plusieurs plastiques, dit  incapacité pour un recycleur de les distinguer et de les réutiliser dans le même type d’emballage. Par exemple, on observe la diminution des emballages multicouches – non recyclables –  en faveur du monocouche recyclable. Le Groupe MOM a ainsi développé un nouvel emballage monocouche pour ses Pom’Potes, dont l’emballage aujourd’hui composé de tri-couche (polyéthylène téréphtalate (PET), aluminium et polyéthylène (PE)) et non recyclable. 

Cette éco-conception est impulsée par les metteurs sur le marché – les utilisateurs d’emballages, comme la grande distribution, l’agroalimentaire ou la cosmétique – pour deux raisons principales. Tout d’abord, pour répondre aux attentes des consommateurs finaux qui s’orientent de plus en plus vers des choix compatibles avec l’environnement. Danone a ainsi annoncé arrêter la production de ses yaourts en pot PS non recyclables, pour les substituer par des yaourts en pot RPET ou en verre d’ici à 2024 en Europe. Mais il s’agit surtout de se conformer à  la réglementation. Celle-ci exige progressivement des taux minimums d’incorporation de matières recyclées et la recyclabilité des emballages, sous peine de taxe. 

Malgré le développement de la standardisation et de l’éco-conception, avec la technologie actuelle de recyclage mécanique (cf. le tableau I1 Les résines et leur recyclabilité selon le type d’emballage), de nombreux emballages restent non recyclables, et sont incinérés ou enfouis. Il faut donc encourager l’utilisation les résines les plus recyclables et développer d’autres technologies, comme le recyclage chimique. 

I.1 Les résines et leur recyclabilité selon le type d’emballage

différents types de résines

Source : Elaboration Bpifrance à partir des données de la Fondation Ellen MacArthur et du Décret 3R du ministère de la Transition Ecologique 

3. Le recyclage chimique : une technologie incontournable à la rentabilité incertaine 

Le dernier levier pour limiter les emballages plastiques : le recyclage chimique. Cette solution modifie la structure chimique des déchets à l’aide de fortes chaleurs (pyrolyse) ou d’autres processus comme la gazéification ou la dépolymérisation. Ces procédés permettent d’atteindre une qualité similaire à celle de la résine neuve et s’avèrent incontournables pour atteindre les objectifs de recyclage des emballages plastiques ménagers.  
Un bémol cependant :  la pyrolyse, qui bénéficie déjà d’annonces d’investissements importants pour un développement en France, ne sera déployée à grande échelle à partir de 2025. D’autres technologies comme la catalyse enzymatique, en phase de démonstration devraient suivre avant 2030. 

I.2 Feuille de route des innovations technologiques et des usages à mettre en place à horizon 2040 

feuille de route inno technologiques

Sources : Elaboration Bpifrance à partir des données de Citeo, Elipso, Ellen McArthur, PlasticEurope 

Selon nos estimations, la France devrait atteindre l’objectif de 100 % des emballages en plastique à usage unique inutiles recyclés pour 2025 et entrer dans le peloton de tête des pays européens sur le recyclage de tout type d’emballage ménager en 2030, sous réserve d’un triple effort du secteur et des acteurs industriels : la suppression de l’utilisation du plastique lorsque cela est possible ; l’amélioration de la collecte et du tri ; le développement du recyclage chimique. 

Ces changements auront des impacts majeurs sur toute la chaîne de valeur, avec une évolution du positionnement des acteurs du marché (entre industriels et recycleurs), en faveur de ceux qui sauront le mieux capter la valeur. 

Pour aller plus loin, retrouvez l’article Recyclage des emballages plastiques ménagers : et si le secteur faisait de son retard une force ?[Emballages plastiques :  Position Paper 2/2]  et/ou téléchargez notre étude «  Recyclage des emballages plastiques ménagers : la France atteindra-t-elle ses objectifs ?  » de la série ‘Les Experts de demain’.

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