Figure 1. Les modèles de partenariats
Source : adapté de RAMEAU (2014) Construire ensemble – Guide Entreprises & Associations, p. 27 et 41.
L’éclairage de la théorie des systèmes complexes La complexité d’une démarche de RSE fait écho au concept de « système complexe » développé par Herbert Simon[4]. En effet, la complexité de la RSE repose bien sur les trois propriétés des systèmes complexes : une hétérogénéité d’acteurs (1) qui interagissent de manière non-simple (2) autour de sujets multiples et variés (3). Or, cette littérature nous explique également qu’un moyen de gérer la complexité d’un système repose sur la modularisation organisationnelle et cognitive de ce dernier[5]. L’approche modulaire permet de découper le système en connaissances encapsulées, nécessaires au fonctionnement d’un module, et en connaissances partagées qui vont assurer le lien entre les modules et l’intégrité du système. La modularisation du système est un enjeu majeur pour les acteurs. Simon illustre cette idée à l’aide de la métaphore des horlogers Tempus et Hora. Ces deux horlogers travaillent sur l’élaboration d’un mécanisme complexe de montre, mais seul Hora suit une approche modulaire de son système. Les deux sont régulièrement interrompus par le téléphone, mais seul Hora arrive à progresser dans son projet, car il n’a pas besoin de tout recommencer à chaque interruption, contrairement à Tempus.Figure 2. L’approche modulaire de la complexité des partenariats et de la RSE
Source : adapté de Helfrich, Rimaud, La Tour (2019)
Cette analyse peut être mobilisée pour comprendre ce qui se passe à l’intérieur d’un partenariat (niveau micro) ou pour comprendre comment les partenariats peuvent permettre d’aborder la RSE (niveau macro). Ainsi, la complexité d’un partenariat sera réduite par cette approche modulaire, où des connaissances peuvent rester encapsulées dans l’entreprise (respectivement dans l’association) alors que d’autres connaissances seront partagées entre les deux pour concrétiser le partenariat (Cf. Figure 2, partie de gauche). La complexité de la RSE sera réduite de la même manière, avec des connaissances encapsulées dans les services de l’entreprise qui pilotent des partenariats, et des connaissances partagées pour favoriser l’intégration des éléments nécessaires à la démarche de RSE (Cf. Figure 2, partie de droite). A l’instar de l’horloger Hora, une entreprise engagée dans une approche partenariale peut ainsi aborder la complexité de la RSE et ses risques avec plus de sérénité.
Pour aller plus loin Helfrich, V., Rimaud, M-N. & Dupré La Tour, C. (2019). Aborder la RSE avec des partenariats entreprises-associations: Une approche modulaire de systèmes complexes. Revue française de gestion, 282, 77-93. https://doi.org/10.3166/rfg.2019.00359[1] Synthèse d’une recherche de Vincent Helfrich, Marie-Noëlle Rimaud et Cécile Dupré La Tour : « Aborder la RSE avec des partenariats entreprises-associations : Une approche modulaire de systèmes complexes », publiée dans la Revue Française de Gestion, https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2019-5-page-77.htm?contenu=plan [2] Professeur HDR, Excelia Business School. [3] L’Iso 26000 identifie 7 questions centrales : Gouvernance, Environnement, Relations et conditions de travail, Droits de l’Homme, Loyauté des pratiques, Questions relatives aux consommateurs, Communautés et développement local. [4] Simon H. (1962). « The architecture of complexity », Proceedings of the American Philosophy Society, vol. 106, p. 467-482. [5] Langlois R.N. (2002). « Modularity in technology and organization », Journal of economic behavior & organization. Vol. 49, p.19-37. Cohendet, P, Diani, M., Lerch C., (2005). « Stratégie modulaire dans la conception. Une interprétation en termes de communautés », Revue française de gestion, vol. 5, n°158, p.121-143.