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Transition écologique dans les écoles d’ingénieurs : éviter, réduire, compenser

À l’occasion de l’édition 2023 des Journées nationales de l’ingénieur (JNI), le colloque inaugural de la manifestation a eu lieu sous format virtuel le 4 mars sur le thème « Transition énergétique et écologique ».

Dans ce cadre, la CDEFI a été représentée par Philippe Dépincé, directeur de Polytech Nantes et président de la commission Formation et société de la Conférence, qui est intervenu sur la question du rôle des écoles d’ingénieurs dans la formation des jeunes à la transition écologique et énergétique.

Actrices centrales pour relever les défis qui attendent la société de demain, les écoles d’ingénieurs s’inscrivent aujourd’hui de plus en plus dans une démarche de durabilité environnementale. Parce qu’elles contribuent via leurs activités de formation et de recherche au développement d’innovations visant entre autres à répondre aux enjeux de transitions, elles ont une conscience aiguë de la nécessité de diplômer des ingénieurs responsables et compétents à répondre aux problématiques actuelles et futures en matière de transitions écologique et énergétique. La complexité de la question, qui pousse à interroger le modèle actuel de développement économique et de consommation dans sa globalité, impose une approche systémique et synergique en vu d’aboutir à une véritable sobriété individuelle et collective.

Leurs diplômes étant accrédités par la Commission des titres d’ingénieur (CTI), les écoles d’ingénieurs se doivent de suivre le référentiel « Références et Orientations » de la CTI. Depuis mars 2022, les enjeux environnementaux y sont intégrés de manière plus détaillée qu’auparavant et déclinés dans les différentes activités des écoles : fonctionnement, campus, recherche, vie étudiante, international, etc.

En termes d’enseignement, un simple module de sensibilisation généraliste n’est aujourd’hui plus suffisant. La formation des ingénieurs devant intégrer la capacité d’adaptation des futurs diplômés aux exigences et besoins des entreprises et de la société, les écoles adaptent leur cursus pour permettre à leur élèves de saisir les grands enjeux de société à court et long termes et de développer des compétences concrètes en matière de responsabilité sociétale et environnementale, et ce quelle que soit la discipline ou le secteur : objectifs de développement durable, enjeux climatiques, RSE, sobriété numérique, etc. Pour cette même raison, il est indispensable que les formations d’ingénieurs reposent sur une base commune de connaissances élargies des enjeux sociétaux indispensables dans leur futur rôle de concepteurs et managers, dont l’impact de l’activité économique et de la recherche, la compréhension des sphères de responsabilité individuelle et collective, l’approche systémique et multidimensionnelle des problèmes, la transversalité, ou encore la co-construction entre différents domaines d’expertise.
Ce travail global de refonte des maquettes pédagogiques, des cursus et du contenu des enseignements pour inclure de manière effective ces enjeux dans toutes les formations est à poursuivre et approfondir.

En parallèle, la recherche et l’innovation, indissociables de l’activité pédagogique des établissements, doivent également prendre en compte ces enjeux afin d’acculturer les personnels, enseignants et enseignants-chercheurs, de façon à ce qu’ils prennent conscience, s’approprient et maîtrisent la question des transitions pour pouvoir ensuite l’intégrer à leurs enseignements et irriguer les formations.

Aujourd’hui, l’ensemble des activités des écoles d’ingénieurs, en matière de formation comme de recherche, doivent donc être abordées en suivant trois logiques d’action :

  • éviter : travailler sur :
    • les limites planétaires, la conséquence de la prédation des ressources et de la destruction des écosystèmes (notamment par les industries extractives, l’enfouissement de déchets, l’industrie lourde, etc.);
    • le développement des « low techs / no techs » et de nouvelles technologies portant sur la déprogrammation de l’obsolescence, sur la durabilité, la recyclabilité et la modularité des produits et des composants, et sur le développement d’initiatives d’économies sociales et solidaires locales, basées sur le circuit court;
  • réduire : travailler sur la décarbonation des plus grosses sources d’émissions de gaz à effet de serre :
    • le transport (aviation et transport personnel) au travers des recherches sur l’électrique, l’hybride et surtout l’hydrogène;
    • l’énergie et la production de chaleur au travers des recherches sur les énergies renouvelables, et notamment sur la fusion, le nucléaire propre, les centrales à thorium et les EPR, les matériaux d’isolation et les technologies de chauffage verts;
  • compenser : en dernier ressort, financer les travaux de recherche par exemple en géo-ingénierie et éco-ingénierie, en concordance avec les recherches sur l’évitable et sur la préservation des écosystèmes.
Aujourd’hui, la grande majorité des écoles offrent à leurs étudiants des activités leur permettant d’aborder les enjeux de la transition écologique et énergétique notamment via a minima des fresques du climat. Néanmoins, la formation aux transitions dans les écoles d’ingénieurs doit encore se développer davantage.
En termes de connaissances, elles doivent  capitaliser sur des sujets comme l’anthropocène, la biodiversité et sa préservation, les leviers technologiques et/ou issus de la recherche et l’innovation, ou encore les ressources et leur préservation, dont l’énergie. En termes de compétences, les diplômés ingénieurs devront maîtriser les enjeux, la systémique, l’éthique, l’analyse du cycle de vie dont le bilan carbone, les ressources énergétiques et géopolitiques.
Du point de vue pédagogique, ces enseignements doivent être délivrés de manière continue tout au long du cycle ingénieur, et s’appuyer sur une approche par projets, en particulier par les études de cas.
Enfin, l’implication des élèves dans des actions bénévoles et associatives en lien avec les transitions doit être reconnue et valorisée.

Afin de mener a bien ces objectifs, les écoles d’ingénieurs ont tout intérêt à s’équiper d’une base commune. Le référentiel CGE/France Universités constitue en cela un outil essentiel à mobiliser. Accompagner l’utilisation de celui-ci et communiquer dessus est également primordial pour faire des personnels et enseignants de réels acteurs des transitions et transformations au sein des écoles. Cela peut passer par des formations dédiées, la définition d’objectifs pédagogiques alignés avec le référentiel, des échanges de bonnes pratiques, etc.

Le replay du colloque est visionnable sur ce lien (intervention de Philippe Dépincé à partir de 1:38:30).

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